Qu’est ce que le rhumatisme cardiaque ?
Il s’agit d’une complication retardée d’une infection bactérienne à la base banale. En effet, le streptocoque béta-hémolytique (bactérie responsable notamment des infections ORL, angines et pharyngites) donne lieu à une réaction immunitaire inadaptée, à fortiori quand l’infection n’est pas ou est mal traitée.
Ce qui entraine à moyen terme une atteinte des tissus articulaires (responsable d’un rhumatisme articulaire aigue) et à long terme une atteinte des tissus cardiaques, préférentiellement ceux des valves. Il en résulte une maladie des valves cardiaques, dont la gravité peut être telle qu’une opération à cœur ouvert avec changement de la valve malade peut être indiquée.
Est-ce fréquent au Maroc ?
Le Maroc est malheureusement – à l’instar des autres pays en voie de développement – l’une des régions les plus touchées par ce fléau. Le rhumatisme cardiaque reste effectivement la première cause de valvulopathie dans notre pays. Le niveau socio-économique et l’accessibilité aux structures de soins, ainsi que le niveau d’éducation des populations restent parmi les causes qui font encore de cette maladie un problème de santé publique.
A quel âge survient l’atteinte cardiaque ?
Tous les âges sont concernés, mais les « valvulopathies rhumatismales » sont surtout l’apanage de l’adulte jeune voir de l’enfant. L’atteinte des tissus valvaires commence quelques semaines après l’épisode d’infection à streptocoque, le processus inflammatoire est lent, faisant que la maladie en tant que telle ne se déclare que plusieurs années après l’infection initiale.
Quels sont les facteurs de risques ? Et est ce que toute angine peut dégénérer en valvulopathie ?
Heureusement non. Si l’on sait que 70% des infections ORL y compris les angines sont d’origine virale et non bactérienne, la plupart de ces infections guérissent spontanément sans faire de dégâts, même en l’absence de traitement. Mais dans le cas d’angines bactériennes (là ou un traitement antibiotique s’impose), le risque de complication cardiaque retardée bien que statistiquement mineur, est bien là. Ce risque est d’autant plus majoré qu’il existe certaines conditions favorisantes, notamment :
. Des angines à répétition, mal ou non traitées
. Des antécédents de rhumatisme articulaire aigu
. Un niveau socio-économique bas, des conditions de promiscuité et une accessibilité aux soins réduite
Quels sont les signes d’une atteinte cardiaque rhumatismale ?
La découverte d’une maladie des valves d’origine rhumatismale peut se faire dans plusieurs situations :
. A l’occasion du bilan d’un rhumatisme articulaire aigu (par échocardiographie)
. Découverte d’une auscultation cardiaque anormale par le médecin (souffle valvulaire témoignant d’un dysfonctionnement de valves)
. Enfin, survenue de symptômes ressentis par le malade et qui, lorsqu’ils sont installés, témoignent déjà d’une atteinte sévère et avancée des valves cardiaques. Le signe majeur commun à toutes les valvulopathie est « la Dyspnée » (essoufflement inhabituel à l’effort)
Que faut-il faire pour éviter qu’une simple angine ne devienne une maladie des valves cardiaques ?
Le conseil phare à retenir, c’est de ne pas négliger les angines et les pharyngites chez les enfants, et de consulter le médecin qui pourra prescrire le traitement adéquat. Des angines à répétition doivent également pousser le patient à demander conseil auprès d’un médecin ORL, qui –dans certains cas- indique une amygdalectomie (résection des amygdales). Ceci est encore plus valable dans les milieux défavorisés et ruraux, car –comme cité précédemment- le niveau socio-économique et d’hygiène joue un rôle majeur dans la pathogénie de cette maladie.